La guerre en Ukraine, qui a débuté le 24 février dernier, a des conséquences majeures.

Déjà perturbée par la pandémie de covid-19, la hausse des prix matières premières constatées depuis une année, et les goulots d’étranglement dans les chaînes de productions mondiales ; l’économie mondiale doit désormais faire face à la réduction drastique de l’offre de la Russie et de l’Ukraine, du fait de la guerre et des sanctions.

On peut parler de « chocs multiples et de grande ampleur » ; puisque la Russie est un grand producteur d’énergie (pétrole et gaz…), de denrées alimentaires (blé…), mais aussi d’intrants industriels (comme le nickel ou le titane présents dans les pièces automobiles). Il en résulte une augmentation des prix mondiaux pour tous ces intrants.

Cette baisse de l’offre russo-ukrainienne réduit automatiquement l’activité du secteur automobile et de la pièce de rechange, déjà touchés par des pénuries et des délais de livraison. Au Maroc, on constate une perturbation encore plus forte de la chaîne logistique ainsi qu’une augmentation des prix, imposée par les fournisseurs étrangers.

Le marché marocain de l’automobile et de la pièce de rechange

Le secteur automobile et de la pièce de rechange au Maroc subit depuis 2019, d’importantes secousses.

Il y’a d’abord eu la crise économique engendrée par le Covid-19. Elle a entraîné, pour toutes les entreprises du secteur, une forte réduction des commandes et une contraction généralisée du chiffre d’affaires. Ensuite, le secteur a dû affronter la pénurie de composants électroniques et un problème au niveau de l’offre mondiale. Puis, c’est l’inflation depuis un an des matières premières, en particulier de l’énergie, qui a impacté les prix d’achat des pièces de rechange, des lubrifiants et des huiles moteurs. Désormais, c’est le conflit entre la Russie et l’Ukraine et ses conséquences indirectes, que le secteur doit absorber.

La Russie est un important producteur d’aluminium (6% de l’approvisionnement mondial), de palladium – métal que l’on retrouve au niveau du catalyseur – (40% de l’approvisionnement mondial), de nickel – qui sert à la fabrication de batteries – (10% de l’approvisionnement mondial), et de cuivre (4 % de l’approvisionnement mondial).

De plus, l’Ukraine et la Russie sont des équipementiers. De nombreux constructeurs et marques européennes sous-traitent la construction de plusieurs matériaux auprès de ces pays. Avec le conflit, l’approvisionnement s’est arrêté.

L’effet cumulé de tous ses facteurs engendre une inflation encore plus élevée et un délai d’approvisionnement encore plus long. Les entreprises marocaines du secteur doivent faire preuve de beaucoup de résilience pour réussir à gérer cette conjoncture complexe et incertaine.